Je l'imagine sourire. Je sens ses mains autour de moi et son nez dans mon cou. Il respire mon odeur et.. moi aussi j'aime bien faire ça pour me remettre d'un choc. L'odeur de Tom m'a toujours calmé. Je ferme les yeux, je me laisse faire. Je suis trop perturbé pour..
J'arrive plus à penser correctement et je soupire parce que je ne sais pas quoi faire. J'aimerais qu'il me parle, qu'il m'explique. Voilà ouais des explications claires et précises m'aideraient pas mal.

Je tente:" Depuis quand?"

Il se raidit contre moi, je l'entends hocqueter, je sens que les battements de son coeur ont accélérés... je passe une de mes mains doucement dans son dos pour le rassurer et le calmer. J'ai jamais été doué en grand frère, j'aime pas vraiment. Je préfère qu'on me chouchoutte mais là je crois que tout ça le dépasse aussi.

Tom:" Je sais pas vraiment quand ça a commençé, j'ai juste eu plus besoin de toi, plus..., bas, envie."

OK. Bah voilà. Tu voulais des réponses et bah t'es servi Bill. Et maintenant? Merde! J'ai perdu ce foutu pari à la con.. comment je vais me sortir de là? Est ce qu'il va vouloir...
Je blanchis.
Est ce qu'il nous a déjà imaginé en train de.... je me recule un peu trop vivement et mon dos cogne contre le mur, mais impossible de m'éloigner plus. J'ai besoin d'une clope. Son corps se décolle du mien et ca me permet de me dégager. Je me remets rapidement sur mes deux jambes et court fouiller dans son gros sweat. Un paquet quasi plein et un briquet.
Parfait!
J'allume et inpire. Mummmmmmmm...
Ca va déjà mieux. Mes yeux tombent sur Tom recroquevillé sur lui-même. Il a l'air tellement peiné. Je m'approche et lui offre ma clope, je crois qu'il en a encore plus besoin que moi. Il me sourit, mais le coeur n'y est pas. Je m'en allume une autre. Et commence à tourner en rond.
Je suis du genre nerveux et là, rester tranquille. Bah je peux pas. J'aime tout contrôler et là, là..

Moi me posant devant lui:" Ecoute, je.. j'ai besoin de comprendre alors, est ce qu'on peut en parler là tout de suite?"

Il finit par se redresser à son tour assez lentement et va ouvrir la fenêtre qui donne sur une petite cour privative appartenant à l'hôtel. Il s'accoude à la rembarde. Ses épaules sont complètement abaissées comme s'il portait le poids du monde. Je le rejoins et mes yeux se perdent sur les toits de Milan.

Tom :" Oui...je crois que ... que je peux en parler. "

Bien. On avance alors... même si sa voix est complètement chevrotante. On va tenter de désamorcer un peu tout ça. Je l'observe une minute ou deux. Ses yeux sont tellement tristes et ca me serre le ventre. Je pose ma main sur la sienne, je veux qu'il sache que je suis là, que.. je ne sais pas.

Il souffle:" Merci.. merci de le prendre comme ça."

Alors pourquoi t'as l'air d'un cochon qu'on transporte à l'abattoir? Résumons. Résumer quoi en fait ? Il est ...

Moi:" Amoureux de moi?"

Ca m'a frappé le cerveau sans rien pour amortir. Je crois que je cligne même plus des yeux. Amoureux? Merde!
Ses mots tournent dans ma tête parce que je sais que j'ai raison et combien ça peut faire souffrir et mon Tommy qui ... Bordel! Lui qui se vante sans arrêt de toutes ces filles qu'il se tape et ..

Tom dépité:" Ouais.. amoureux de toi. Et toute la merde qui va avec. L'envie, le manque. La jalousie."

Jaloux? Putain..... ça a du être l'horreur pour lui... je lâche le mégot qui s'en va faire sa vie quelque part sur le trottoir. Je peux pas lui répondre. J'ai pas de réponse à ça. J'ai jamais pensé, imaginé que CA arriverait. Je crois qu'il faut que.. que je réfléchisse. Que je sais pas là.. mais j'ai juste envie d'aller me coucher et de mettre tout ça en ordre demain.
Oui. Demain.
Je soupire un peu et me tourne vers lui. Nos yeux se croisent mais il baisse plus les siens. J'avance ma main et lui relève le menton.

Bill:" Tom, je sais vraiment pas... là je vais juste aller dormir okay mais je veux pas que.. et je vais arrêter de ramener n'importe qui pour l'instant. Faut vraiment que.. je sais pas ... et toi aussi tu dors. Parce que demain on a un gros concert. Mais je suis là Tommy."

Je le serre très fort dans mes bras en lui répétant que je serais toujours là pour lui et m'enfuit sans me retourner avant de fondre en larmes devant lui.