Un pays sans loi, sans règle. Sois dur et impitoyable et allonge tes dollars. Tom en avait fait son petit royaume. Ils étaient sortis de prison au bout de même pas une année en achetant des gens hauts placés ne possédant ni conscience ni morale.
Bill n'avait jamais su combien ça avait couté, juste que Tom l'avait fait pour lui car il avait  eu de plus en plus de mal à supporter d'être enfermé entre ses quatre murs, et le cœur du tressé s'était tordu à chaque fois que les beaux yeux sombres de son amant s'étaient perdus dans le ciel devenu inaccessible.
Tom aurait payé n'importe quel prix pour ne plus jamais revoir cette tristesse au fond des prunelles de Bill.
 
Dès que les portes du pénitencier se refermèrent derrière eux et que leurs poumons avalèrent leur première bouffée d'air libre , Tom sentit Bill reprendre vie, ses yeux pétillèrent à nouveau de cette énergie incroyable comme si leur petit séjour ne l'affectait pas le moins du monde. Son Bill était là bel et bien vivant  il n'aurait jamais cru qu'il puisse devenir si fort mentalement.
Ouais Bill. Qui l'étonnait de plus en plus.
Quand Simone avait appris que son fils croupissait dans une prison, elle avait pleuré et avait supplié un médecin de lui donner quelques anti dépresseurs, et puis Jost lui avait expliqué toute l'histoire, que son fils était juste un peu trop amoureux.
Et à son grand étonnement, elle avait compris et demander des parloirs. Bill avait cru halluciné en la voyant ici et avait un peu honte. Il l'avait rassuré, Tom le protégeait ici.
 
Et un jour, surement à cause de l'alcool ou des disputes, elle avait demandé le divorce, ouais et ça c'était franchement mal passé. Elle s'était pointé au parloir trois jours plus tard couverte d'ecchymoses mal dissimulées avec un surplus de maquillage et de grosses lunettes noires : l'androgyne avait vu rouge. Que son père s'en prenne à lui sous couvert d'homophobie était une chose mais sa mère!
Il ne l'avait digéré, surtout qu'il la harcelait sans arrêt malgré son déménagement dans un studio du centre ville: sa mère vivait un enfer.
La première chose qu'il fut en sortant de prison fut de retourner voir son paternel et cette fois Tom l'attendit sagement dans le Hummer sachant que Bill était maintenant assez fort pour affronter ses démons seul. Le cinquantenaire avait ouvert la porte et le poing de Bill s'était écrasé sur son visage avec une puissance hallucinante. Son nez était surement fracturé.
 
"Ca c'est pour maman!" hurla-t-il
"Et si tu t'approches d'elle encore une fois je te bute!" menaça Bill d'un ton froid et dur.
 
Mais le brun avait tant de rage et de rancœurs accumulées depuis ses 11 ans et le coupable était cette larve pitoyable agenouillée sur le sol, il n'avait pas pu se retenir de lui cracher toute sa haine. L'homme avait juste rampé hors d'atteinte des coups et s'était mis à pleurer alors que Bill se retenait de pas juste le massacrer.
Les poings de Bill tremblaient et d'un geste rapide, il sortit une lame de la poche arrière de son jean, il le détestait tellement!
Mais Tom alerté par les cris apparut à ce moment là, juste au moment ou la lame se dirigeait dangereusement dans la poitrine de l'homme à terre.
 
"Bill! Tu arrêtes ça, on doit y aller!"
 
Bill grogna mais savait que ce n'était pas un conseil, juste un ordre, un putain d'ordre  auquel  il obéit à contre cœur, il savait que Tom voulait lui éviter un autre séjour en prison. Que c'était une forme de protection mais il ne pu s'empêcher de jeter un dernier regard à son passé.
 
Ils avaient roulés sur des kilomètres vers la frontière, il y avait tellement d'autres choses à régler avant leur départ.
 
Leur départ.
 
Quand Tom lui avait exposé ses projets il avait juste cru à une mauvaise blague. Les triades russes étaient si impitoyables, qu'ils signaient un allé simple pour l'enfer en les défiant. Mais Tom était si déterminé et si sûr de lui...
 
"J'ai des contacts, ce sera facile de gagner leur respect et de prendre la tête de leur réseau. Il y aura toujours les politiques au dessus mais là bas tout à un prix."
 
Et effectivement tout s'achetait. Ils vivaient dans une maison hallucinante, avaient opté pour la nationalité Russe, enfin, c'est ce qui était indiqué sur leurs faux papiers.
Plus les mois s'écoulaient et plus Tom amassait puissance et richesses. Peu importait les moyens ou les menaces à éliminer.
Même des familles.
 
Mais un soir Bill ne pouvait plus se taire et juste accepter, un soir Bill tenta de le raisonner, il ne pouvait pas cautionner ou vivre avec ça!
 
"Tu ne peux pas faire ça Tom! Ce n'est qu'un enfant bordel!" s'écria-t-il désespérément.
"C'est eux ou nous, cet enfant ou toi."
"Tom.. tu.. je t'en prie!" s'effondra Bill alors que la bombe explosait.
 
Bill ne lui adressa pas un mot pendant des jours.... Ouais jusqu'à celui ou quelqu'un lui expliqua que peu importait l'âge quand tu naissais dans un camp, dès la naissance tu étais formaté pour éliminer les autres...
Ce gamin aurait pu revenir dans 10 ans pour se venger.
 
Mais Bill ne pouvait pas, ne voulait plus vivre ainsi, sa vie était si entachée de sang à même pas 30 ans...
 
"Je vais partir." Avait-il lâché une nuit sombre, une nuit sans Lune.
 
Ce n'était pas des paroles en l'air. Il ne pouvait juste pas cautionner des meurtres d'enfant. Le tressé venait juste de s'allonger à ses côtés dans leur lit le croyant endormi, il n'avait pas tenté d'approche depuis leur désaccord.
Bill l'avait toujours soutenu, avait toujours été de son côté, il avait cru bêtement que c'était une sorte de socle immuable. Il s'était trompé et se sentait perdu.
Il ignorait la façon de récupérer la loyauté sans faille de Bill et surtout son amour... ces trois mots brisèrent ses espoirs et son cœur. Et Tom ne savait ni s'excuser, ni supplier. Un caïd ne faisait pas ce genre de choses.
 
"Quand?" articula-t-il difficilement.
 
Il se maudit d'entendre une voix si brisée sortir de ses lèvres et maudit ses yeux qui se mouillaient dangereusement. Il sentit le lit bouger, sentit la peau de Bill contre la sienne. Il ne lui en faudrait pas beaucoup plus pour s'effondrer.
 
"Viens avec moi, quitte tout ça, allons dans un endroit où personne nous connaitra. Parce que ça ce n'est pas une vie. Parce que tu as trop d'ennemis et je veux plus.. je peux plus vivre comme ça, à imaginer qu'un jour tu ne reviendras pas à cause d'une bombe, d'une balle ou je ne sais quoi d'autre!"
 
Ouais. Comme si c'était simple.
 
"Ils ne me laisseront jamais partir Bill."
 
...
 
Et la discussion fut close.
 
3 mois plus tard une Berline explosa en centre ville. On extirpa des débris deux corps complètement calcinés et en miettes. Les enquêteurs trouvèrent quelques dents qui permirent d'identifier  les victimes: Thomas et William Blakov.
 
...
 
3 mois plus tard un avion décolla direction les États Unis avec à son bord Bill Sanders et Tom Blackwell. Ils avaient détournés assez d'argent pour vivre confortablement et remplacer leurs dents manquantes...
 
"Je sais à peine comment vivent les gens." Souffla Tom un peu anxieux à l'idée d'une vie rangée et ordinaire d'un américain moyen.
 
Bill enlaça ses doigts aux siens se remettant à peine... Tom l'avait choisi lui. Il avait abandonné ce statut de caïd millionnaire et redouté pour lui!
 
"Je t'apprendrais."
 
...