Ils étaient étranges, si différents et semblables à la fois. Leurs yeux s'étalaient sur la moitié de leurs visages et vous fixaient avec une forme d'intensité qui vous mettait mal à l'aise. J'avais l'impression que ces grands yeux ovales et gris, un gris pâle et brillant qui aurait pu être effrayant pouvaient lire en moi. Mais quelque chose tapis tout au fond nous rassurait en nous mettait en confiance, peut-être me manipulaient-ils, peut-être étais-je sous le choc ou simplement trop émerveillée par cette rencontre improbable, impossible ?
Peut-être étais-je en train de rêver?
J'avais accepté cette mission, j'avais accepté de partir au-delà de tout ce que l'humanité connaissait, sur cette planète. Les scientifiques l'avaient scrutée, des sondes avaient été envoyées et avaient ramenées de la vie! Des petites cellules, minuscules invisibles à l'oeil nu et ça avait suffit pour faire renaître l'espoir et débloquer les milliards nécessaires.
Et à présent cette créature se tenait devant moi. Elle n'était pas effrayée et semblait m'étudier, m'évaluer avec curiosité. Elle se tenait sur des jambes plus épaisses que les nôtres et sa peau ressemblait à des écailles. Comme nous, elle possédait des bras et des doigts, quatre doigts exactement mais était-ce réellement des doigts ?
Trop surprise pour réagir je l'observais, j'avais besoin de graver en moi le moindre détail. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas oublier. De longues minutes s'écoulèrent ainsi sans que je ne puisse égarer mes yeux ailleurs, là où du bruit se faisait entendre. La créature, elle, se tourna et émit un son qui me fait penser à un chant indescriptible, parce que sur Terre ces sons n'existaient que dans les profondeurs des océans. Puis d'autres s'attroupèrent autour de moi et je tombais à genoux.
Car je venais de comprendre. Nous n'étions pas seuls. Et je pleurais, je pleurais et la créature s'avança et tomba à son tour pour à nouveau voir mon visage. Une autres, prudemment, me toucha l'avant bras. Elle possédait ces mêmes yeux gris et dans le bas de son visage ce que l'on nommait lèvres disparut en un point minuscule. Et le reste du groupe fit le même mouvement. Cela signifiait sûrement quelque chose.
Un bip m'annonçant la fin des des analyses des conditions environnementales me fit sursauter et les créatures se reculèrent et je su que ce son ne leur plaisait pas. Je pouvais respirer sans crainte l'air de cette planète alors je retirais mon scaphandre lentement pour ne pas les effrayer davantage et je les contemplais à nouveau sans la moindre barrière entre mes yeux et la réalité.
L'une d'elle s'avança à nouveau et dans ses yeux pâles palpitaient une lumière, une forme de lueur et d'intelligence. Elle me toucha le front. Sa peau était à la fois douce et rêche mais rien de tout cela n'avait la moindre importance car la créature avait lié une partie de son esprit au mien.
Et je sus en une seconde tout ce qu'ils étaient comme ils surent tout ce que nous étions.