TOI QUE J'AIME CHAPITRE 01

PDV Bill
" J'appuie rageusement sur l'interrupteur de la lampe de chevet et envoie mes draps valser sur la moquette. J'étouffe, et je transpire! Je déteste ça. Je me rue à la fenêtre et l'ouvre en grand. Ahhhhh ca va mieux. Il est plus de 4 heures du mat et j'ai du m'assoupir quelques minutes par ci par là.
Je me dirige vers mes valises et attrappe un des vieux T-shirts de Tom... je sais. Je suis carrément pathétique mais j'y peux rien. J'ai une valise rien que pour ça. Avec des vieilles fringues à lui. Y'a même une pile avec ceux qui ont toujours son odeur. Ca me fait du bien quand le manque est trop fort.
Je secoue la tête. Je suis trop épuisé de ressasser tout ça. J'en peux plus de cet amour. Ca me détruit.
Je me jette sur mon paquet de clope.

Ma chambre possède une petite terrasse. La vue est magnifique. Toute ces lumières.. je me souviens. On est à Madrid. En plein mois de juin.
J'allume la première et me perd dans la fumée qui s'évapore doucement.

Comment j'en suis arrivé là?

Je repense à nos 13 ans. On avait invité toute la famille et tout nos amis. On s'était couché tard. J'étais heureux. Tom avait eu une Gibson, un baladeur et des tas de Cd. Et moi un micro, du maquillage professionnel et des stylos hors de prix.
On a eu des tas d'autres choses.
Mais la plus belle.
Quand toute la maison dormait.
Quand Tom a frappé doucement à ma porte. Et a levé une bouteille de vodka comme un trophée au dessus de sa tête.
On aurait jamais du. Parce que lui a tout oublié. Lui....
Mais pas moi.
Je n'ai jamais rien dit. Qu'est ce que j'aurais pu dire de toutes façons?
Et deux jours après.

J'étais brisé. Quand je l'ai vu avec cette fille. J'ai eu mal. Je savais pas qu'on pouvait souffrir autant. J'ai couru jusqu'à ma chambre. Parce que j'ai compris. Que j'étais tombé amoureux de lui.
J'ai pleuré tout le week end.

Il n'a jamais su pourquoi.

Je m'étais promis d'oublier tout ça. J'ai fait l'impossible pour oublier cette nuit là mais c'est ancré en moi, tatoué au fond de mon cœur.
J'ai toujours aussi mal.

Il sait que je ne vais pas bien mais ignore pourquoi. Il est génial avec moi, il veille sur moi de peur que je m'écroule totalement.
Et quand je plonge dans ses yeux suppliants. Il ne parle pas pourtant mais il attend. Ca fait presque 4 ans qu'il attend que je me livre.

J'en ai marre. Je jette ma cigarette à peine entamée. Je sais que je vais encore pleurer. Je ne fais que ça ces temps çi.
Et toute cette pression n'arrange rien.
J'essaie de sourire. Je fais semblant d'aller bien. Mais il n'est pas dupe. On se connaît trop.
Alors je lui en veux.
De pas lire en moi. De ne pas deviner. Et puis je m'en veux de lui en vouloir et me trouve stupide. Tellement stupide de ressentir ce truc malsain. Qui va finir par nous bouffer tout les deux.

Je donne un coup de pied rageur contre la rambarde et rentre avant de me mettre à hurler. J'aurais l'air de quoi hein?
Le pire dans tout ça, c'est que je peux en parler à personne. Personne ne comprendrait. Je ne le comprend pas moi-même.

Je me retrouve dans la salle de bain. C'est un automatisme chez moi. C'est la pièce que je préfere. Je me fixe dans le miroir et grimace. Je ressemble plus à rien. J'ai des cernes énormes. J'ai que la peau sur les os. Je décrépis à vue d'œil.
Tout le monde parle de cette crème miraculeuse. Regenesis. Les gens sont tellement crédules. J'avance dans la douche et me laisse masser par les jets.
De toutes façons cette crème ne peut pas me faire de mal. J'en ai acheté trois pots. Pour essayer. Elle coute une petite fortune mais je m'en fou. Si ca réduit mes cernes: l'investissement sera largement remboursé.
Je me décide à sortir. A m'essuyer.

Je m'en tartine une bonne couche. Et m'étale sur le lit.
Cette fois j'arrive à perdre conscience.