LA RUMEUR
La Rumeur
PAR AMANDINE
Jordan déverrouilla la porte de «La Rumeur» et rejoignit Jérémie, son comparse, derrière le comptoir du bar. Il était 11H30 et les étudiants et autres clients n’allaient pas tarder à envahir l’endroit le plus prisé de Rennes, le bar estudiantin par excellence, pour y grignoter un sandwich et boire un café.
Arthur, le patron du lieu, avait choisi cet endroit stratégique car il se trouvait dans une rue non loin de l’université de droit et des sciences économiques et près de quelques bâtiments abritant de nombreux bureaux.
Ayant lui-même été étudiant de nombreuses années auparavant, il connaissait la réputation des restaurants universitaires pour les avoir fréquenté, s’était vite aperçu que la majorité des élèves, dont il faisait partie, désertaient cette triste cantine et se réfugiaient dans un bar quelconque pour avaler un sandwich. Il s’était juré d’ouvrir un jour, un bar sympathique et attrayant, un vaste bar où le bois foncé et brillant serait omniprésent.
Quelques années plus tard, Arthur avait réalisé son rêve et fidèle à ses ambitions, le bois régnait en maître dans son bar, du comptoir éclairé de lampes led en passant par les poutres du plafond jusqu’aux tables, chaises et claustras à croisillons, et donnait cette ambiance d’intimité et de chaleur particulière que l’on ne trouvait que dans les pubs anglais.
Il n’y servait pas de repas, mais on pouvait y déguster de délicieux sandwichs sur fond de musique actuelle, échanger ses impressions sur les cours du matin ou tout simplement discuter entre collègues. Souvent on y retrouvait des petits groupes d’étudiants après les cours de l’après midi, qui fuyaient leur chambre morose pour venir travailler ou réviser dans une ambiance chaleureuse. Par contre, les week-ends, l’ambiance était à la fête et on y trouvait des jeunes de tous horizons.
Il avait nommé son bar «La Rumeur» clin d’oeil à la rumeur qui l’avait poursuivi tout au long de ses études. Les étudiants l’avaient immédiatement catalogué homosexuel, ce qu’ Arthur n’avait jamais démenti. Il n’avait jamais compris pourquoi un entourage, qui ne faisait même pas partie de sa famille et même, il ne l’aurait pas admis non plus, donnait leur avis par rapport à une orientation sexuelle. Il considérait que les personnes étaient libres de leur choix et pour lui, être homosexuel ou hétérosexuel ne concernait que la personne elle même.
En réalité, Arthur était hétérosexuel mais sa clientèle était mixte. Il n’y avait aucune discrimination dans son bar et ses clients le savaient.
Pour attirer et séduire la clientèle, il avait engagé deux barmen qui n’avaient rien à envier aux mannequins des magasines. Jérémie, un grand blond à la peau hâlée qu’il entretenait grâce aux séances d’UV qu’il s’offrait, au visage fin et souriant et yeux gris acier et dont les longues mèches lisses rejetées vers l’arrière et parfaitement coupées balayaient les épaules au moindre geste et Jordan un beau brun ténébreux aux yeux bleu turquoise et aux cheveux longs légèrement bouclés, retenus en une sorte de chignon japonais.
Leur tenue de travail se composait d’un pantalon noir moulant et un T shirt blanc col V avec le nom du bar brodé en noir. Ils étaient très beaux, sexys et attiraient autant les garçons que les filles, même si celles ci avaient depuis longtemps compris qu’elles n’avaient aucune chance avec eux.
Ils étaient tous deux célibataires, adeptes des rencontres qui ne duraient qu’une nuit, jamais plus. Le bar était devenu leur terrain de chasse et rares étaient les soirs où ils repartaient seuls.
……….
Jordan, les coudes posés sur le comptoir discutait avec un habitué installé sur un des hauts tabourets du bar. Plongé dans une conversation qui semblait retenir toute son attention, il ne releva pas la tête lorsque Jérémie annonça:
Tiens, le groupe de Sophie! Il y a un nouveau avec eux! J’y vais!
Sophie, une très jolie fille aux longues boucles brunes, était une habituée du bar et y entraînait systématiquement son groupe d’amis au grand désespoir de son copain Alex qui était hétéro et devait toujours repousser les avances des JJ’s.
On ne lui connaissait pas de petit ami mais cette année, elle était accrochée au bras d’un garçon sublime et Jérémie ne put s’empêcher de faire la grimace, ce qu’elle remarqua aussitôt. N’ayant pas la langue dans sa poche, elle fut tentée de lui faire remarquer son attitude pas très professionnelle et lui présenter celui qui était en fait son cousin, mais elle trouva la situation très drôle, elle décida donc de jouer un peu et fit un clin d’oeil à son cousin.
Bonjour Jérémie, 6 cafés et 6 sandwichs au poulet grillé, s’il te plaît!
6? Insista le beau blond, les yeux ancrés sur ce mec trop beau qui semblait absorbé par la carte des boissons.
Ben oui Jérem’, 6! Confirma Sophie avec le sourire, se retenant pour ne pas éclater de rire.
Elle connaissait bien la technique de drague des serveurs mais elle n’avait jamais vu le blond aussi intéressé, non, plus qu’intéressé, carrément captivé! Mais elle avait pu observer également la technique de son cousin lors de ses vacances en Irlande et Gaël était lui aussi excellent à ce jeu, je crois qu’on va bien rigoler avec ces deux là, pensa t-elle.
La charmante demoiselle vient de te dire 6, intervint le cousin avec un petit accent anglais tout à fait charmant, en levant les yeux de la carte et les plantant dans les yeux gris du serveur qui restait tétanisé devant lui.
Reviens parmi nous Jérem’, rigola la brune en agitant la main devant le visage du beau serveur. Je te présente Gaël, mon colocataire.
Ton coloc? Mais tu as toujours dit ne pas vouloir de coloc! Réagit le serveur.
C’est vrai, mais bon dans ce cas… j’étais obligée de dire oui, tu comprends… tu n’aurais pas fait la même chose?
Bien sûr que si! S’empressa de répondre Jérémie, et ma porte est grande ouverte pour toi Gaël, le jour où tu en auras marre d’elle! Poursuivit-il avec un sourire charmeur.
Le beau blond avait repris son self contrôle et se dirigea vers les autres tables, ses cheveux virevoltant sur les épaules. Mais Sophie cru déceler une pointe d’amertume non feinte dans son sourire et ses magnifiques yeux gris, aïe, c’était pas prévu ça, pensa t-elle.
Canon! Puisque sa porte est grande ouverte, j’irais bien passer une nuit chez lui, affirma Gaël admiratif, en le suivant des yeux et hochant la tête, mais au fait Sophie, tu ne m’avais pas parlé de 2 serveurs? S’enquit-il en se tournant vers sa cousine.
……….
Mike, le père de Gaël était irlandais, il avait 20 ans lorsqu’il était venu avec des amis en vacances à Saint Malo. Sur la plage, il avait fait la connaissance d’Anne et en était aussitôt tombé fou amoureux. Quelques mois plus tard, après avoir fêté ses 18 ans, Anne, tout aussi amoureuse, avait quitté Rennes et était partie rejoindre l’amour de sa vie en Irlande.
23 ans plus tard, ils avaient divorcé et elle avait quitté la ville de Galway pour revenir s’installer chez sa sœur, la mère de Sophie. Gaël l’avait accompagné et décidé de terminer ses études en France. Les cousins ayant le même âge et suivant la même filière en droit des affaires, prirent une colocation ensemble.
Gaël était très grand, très mince et très beau. Comme il se déplaçait la plupart du temps en moto, dédaignant le métro de la ville qui ne comportait qu’une seule ligne, il était toujours vêtu de cuir noir et de bottes. Il avait des cheveux roux auburn, tirés vers l’arrière et recouverts d’un bonnet de laine noir qu’il ne quittait jamais, même en cours, ce qui alimentait les commérages car tous les étudiants se posaient la question de savoir quelle coiffure il cachait sous ce bonnet.
Sa peau était très claire, il avait de grands yeux verts clairs auréolés de vert beaucoup plus sombre, presque noir, ce qui rendait son regard envoûtant. Des petites tâches de rousseur parsemaient son nez et le haut de ses joues. Sur sa boucle d’oreille noire était accrochée une croix celtique. Il était fascinant, avait un charme fou et attirait tous les regards.
……….
Jérémie retourna au comptoir avec son carnet de commandes, il fallait faire vite, tous ces gens avaient un temps limité pour déjeuner. Il posa sur son plateau les boissons et les sandwichs que Jordan préparait au fur et à mesure.
Je suis fou amoureux Jordan! Soupira le beau blond alors que son collègue se trouvait devant la machine à café.
Jordan faillit renverser la tasse de café qu’il se préparait à poser sur la soucoupe et releva les yeux vers son ami, il le scruta attentivement et non, Jérem’ n’avait pas l’air de plaisanter. Il avait même le visage empreint de tristesse.
Attend! Toi amoureux? Tu es en salle depuis quand? 5 minutes? Et tu as eu le temps de tomber amoureux? C’est une blague? C’est qui ce mec?
C’est lui, souffla Jérémie en suivant avec des yeux énamourés la haute silhouette, féline et sensuelle, moulée de cuir noir, de Gaël qui se dirigeait vers la porte des des toilettes.
Jordan admira le beau roux de la tête aux pieds, effectivement, pour une nuit... et ses yeux turquoise rencontrèrent ceux verts clairs et envoûtants de Gaël qui lui fit un clin d’oeil avant de disparaître. Le serveur brun sursauta et se tourna vers le blond.
Ah oui? Et bien moi je crois que ce mec a surtout envie de se taper les serveurs et les clients, il est comme nous, pas le genre à chercher une relation stable!
De toute façon, il est hétéro, il est avec Sophie, ils sont colocs en plus, précisa Jérémie d’un ton désespéré.
Et tu crois ça? Il est pas plus hétéro que toi et moi et tu connais Sophie et ses blagues! Et puis, depuis quand ça te gêne? Tu dragues bien son copain Alex! Tu as vraiment envie de te caser? C’est depuis que tu as vu cette bombe où tu y pensais déjà avant?
Le beau brun cherchait à comprendre, Jérémie avait l’air réellement sérieux, il ne l’avait jamais connu aussi déboussolé par un homme qu’il venait de rencontrer, au point d’en devenir instantanément amoureux, mot qui n’existait pas dans leur dictionnaire, soit dit en passant! Ok, ce mec était vraiment bandant mais... ils avaient tous les deux une vie agréable, sans aucune attache, ils séduisaient les mecs qu’ils désiraient, s’en débarrassaient dès le lendemain pour se trouver une nouvelle proie et voilà que son pote pensait stabilité, bientôt il parlerait mariage si il continuait comme ça! Et puis… c’était quoi ce clin d’oeil! C’était eux qui charmaient, ensorcelaient, subjuguaient, c’était eux les maîtres du jeu, pas le contraire!
……….
Trois mois plus tard, un samedi soir, Gaël gara sa moto dans le petit parking qui jouxtait le bar, attendit que Sophie se recoiffe pendant qu’il rangeait les casques, réajusta son bonnet, prit le bras de sa cousine et ils pénétrèrent tous deux dans le bar. Ils avaient délaissé l’ordinateur et les bouquins, Gaël avait décidé que ce soir était LE soir.
Les fêtards avaient déjà envahi «La Rumeur» mais Gaël, grâce à sa haute taille, repéra deux tabourets qui venaient de se libérer devant le comptoir et y entraîna sa cousine. En scrutant la foule, il remarqua la présence d’un 3 ème serveur qui semblait perdu devant cette affluence de clients, Bof, pas terrible celui là, pensa t-il en le scannant des yeux.
Bonsoir Arthur! Tu travailles ce soir? S’informa Sophie étonnée de voir le patron derrière le comptoir.
Eh oui, l’extra de cette semaine n’est vraiment pas… extra! Rigola le patron, je ne peux pas laisser les JJ’s gérer tout ce monde, ce serait inhumain! C’est ton petit ami ce beau jeune homme? Jérémie m’a dit que tu t’es dégotté le plus beau mec du monde, un canon, une bombe et je ne sais quoi encore, enfin c’est ce qu’il dit hein! Je n’ai pas les mêmes goûts que lui, tu le sais, ajouta Arthur toujours en riant.
Non, je ne suis pas son petit ami mais son cousin, sauf que Jérémie n’est pas encore au courant! Intervint Gaël en souriant.
C’est pas vrai! Lui qui se morfond depuis des mois en maudissant Sophie, ça va lui faire plaisir! Très drôle votre petit jeu mais c’est pas gentil de lui faire çà à mon pauvre serveur que j’ai du consoler tous les jours, les sermonna le patron d’un air qui se voulait sévère, mais qui finit par éclater de rire.
Alors pour me faire pardonner, je prend votre place et vous pouvez rentrer chez vous!
Mon père est propriétaire d’un pub en Irlande et j’aidais au bar, j’ai l’habitude et j’avoue que ça me manque, expliqua le beau roux à Arthur qui le regardait les yeux écarquillés.
Un barman irlandais et expérimenté! Bien sûr que je te cède ma place, et avec grand plaisir! C’est ma femme qui va être contente, elle ne supporte pas que je travaille le samedi! Mais arrête de taquiner Jérémie s’il te plaît, il va finir en dépression!
Gaël rit et passa derrière le comptoir, il servit les personnes qui attendaient impatiemment leurs boissons au bar et se saisit de la commande que lui apportait l’extra. Ses gestes étaient rapides, précis, oui, on sentait l’expérience, pensa Arthur qui était resté un moment à l’observer puis il disparut en se disant qu’il l’embaucherait bien comme extra, ce Gaël, ça lui éviterait la catastrophe de ce soir! D’autant plus qu’il avait le genre requis pour attirer la clientèle.
Il se demanda quand même où étaient passés les 2 zigotos. Oui, Bien sûr! Jordan branchait un beau brun et Jérémie prenait les commandes tout en surveillant la porte. Le patron sourit, le beau blond n’avait pas vu entrer le plus beau mec du monde, sinon il serait déjà au comptoir! Satisfait, il quitta «La Rumeur».
Jordan se fraya un passage jusqu’au comptoir, y posa son plateau, tendit sa liste sans un regard et se tourna vers Sophie.
Salut ma belle, ton apollon te laisse sortir seule un samedi soir?
Ton plateau est prêt, Casanova, il faut que j’aille servir aussi? Retentit la voix moqueuse du beau roux.
Gaël? Mais qu’est ce que tu fous là? Il est où le boss? S’étonna Jordan en cherchant son patron des yeux.
C’est moi le boss ce soir et dépêche toi d’aller servir, la bière chaude, c’est pas top et je t’expliquerais plus tard, répondit le roux en lui faisant un clin d’oeil.
Le brun aux yeux turquoise disparut dans la foule et Gaël continua de servir sans relâche. A un moment, la chaleur devint si insoutenable qu’il s’essuya le front et enleva son bonnet,
Beaucoup de monde surveillait le rouquin du coin de l’œil, se demandant surtout ce qu’il faisait derrière le comptoir de «La Rumeur» car on savait qu’il n’était pas à la recherche d’un petit job d’étudiant. Et, sous leurs yeux ébahis, une longue tresse rousse se déroula et descendit tout doucement se poser dans le creux des reins du beau Gaël.
Ce furent les exclamations des clients qui secouèrent Jérémie qui notait les commandes en surveillant la porte, il ne s’était toujours pas rendu compte que l’objet de ses désirs régnait derrière le comptoir du bar.
Jordan ne l’avait pas prévenu non plus, trop occupé avec ce beau brun susceptible de passer la fin de la nuit dans son lit, c’était leur façon de fonctionner habituelle, alors pourquoi changer les habitudes? D’autre part, il ne savait pas non plus que Sophie et Gaël avaient un lien de parenté, il n’était pas présent lors de la rencontre du boss et des cousins!
Le flot des étudiants se précipitant vers le comptoir incita Jérémie à s’y rendre pour déposer sa liste, il était temps, il venait de se rendre compte que ses clients attendaient toujours leur boisson. Il était au dessous de tout ce soir, un samedi en plus, le soir le plus rentable, il était étonné que son boss, qu’il savait se trouver derrière le comptoir ne l’avait pas encore sermonné, voire renvoyé. Être amoureux était une chose, oui, mais ce n’était pas une raison pour négliger son travail. Il avait beaucoup de chance, Arthur était un homme exceptionnel!
Lorsqu’il se retrouva devant le comptoir, sa liste à la main, il fut accueilli par un sourire narquois et une longue tresse rousse posée sur une épaule et qui descendait jusqu’à la taille de son propriétaire.
10 bières blondes s’il te plaît Gaël, ils sont pressés! Lança Jordan le plus naturellement du monde, alors que le regard du beau blond était toujours fixé sur la tresse diablement tentante du plus bel homme du monde, selon lui.
Le beau roux prit et chiffonna la commande de Jérémie, il avait servi tous les clients, il sortit du comptoir et y poussa le beau blond. Il méritait une bière maintenant, et de préférence servie par celui qui était amoureux de lui mais dont il était amoureux aussi. D’ailleurs, cette découverte l’avait aussi perturbé que le blond mais il avait réussi à cacher ses sentiments.
Jérémie, une pinte de Guinness pression, s’il te plaît!
Heu… on ne fait pas la Guinness pression, mais on a des canettes, si ça te convient… on n’a pas de tireuse spécifique à azote et on ne vend pas suffisamment de cette bière et un fût ouvert se dégrade rapidement, et puis c’est long à servir si on veut le faire correctement, tu sais qu’il qu’il faut la servir en 2 temps? Mais pourquoi je te raconte ça, je crois que tu le sais mieux que moi, poursuivit Jérémie qui tentait de redevenir le professionnel qu’il était mais qui était toujours perturbé par le regard envoûtant du beau roux et sa tresse si longue…
OK alors 2 Guinness en canette! Commanda Gaël et j’espère que tu aimes cette bière!
De la Guinness? Moi aussi j’en veux! J’adore, surtout quand c’est mon cousin qui la sert! Expliqua Sophie à Jérémie qui écarquilla les yeux.
Elle avait rejoint ses amis, installés dans le fond du bar, laissant son cousin travailler et avait bien rit devant leur stupéfaction en découvrant la coiffure de Gaël qui avait suscité tellement de curiosité depuis son entrée à l’université. Mais elle ne voulait rien perdre de la discussion entre ces deux là!
Vous êtes cousins? C’est une blague? Vous m’avez fait croire que…
Stop beautiful blond! C’est toi qui t’imaginais que j’étais le petit ami de Sophie! Se défendit le roux.
Et oui je suis son cousin et mon père est irlandais, il a un pub à Galway... je connais le métier et c’est pour ça que j’ai proposé à Arthur de le remplacer, expliqua Gaël à Jordan qui les avait rejoint.
Maintenant que tout est OK, je raccompagne Sophie et je reviens te chercher, beautiful blond? Ta porte est toujours ouverte pour moi?
Jordan éclata de rire et Jérémie, rougissant sous son hâle, passa nerveusement une main dans ses longs cheveux blonds. Il en avait tellement rêvé de passer une nuit avec ce mec si beau, si sexy, si désirable, si… tout. Mais ce n’était pas une seule nuit qu’il voulait passer dans les bras du roux, il désirait y passer sa vie et ce n’était sûrement pas l’avis de son partenaire. Jordan l’avait prévenu, Gaël était comme eux, sans attaches et cherchant les aventures sans lendemain. Tant pis! Lui, le roi des aventures d’une nuit, s’en contenterait et garderait, pour la première fois de sa vie, un souvenir qu’il savait déjà inoubliable.
Il ne savait pas comment il allait gérer le fait de le revoir les jours suivants, pourtant c’était habituel pour lui, la plupart des clients de «La Rumeur» étaient passés dans son lit et cela ne l’avait jamais perturbé. Ses partenaires avaient-ils espéré plus? Il n’en savait rien et ne leur avait jamais posé la question, pour lui c’était toujours clair, une nuit pour prendre du bon temps et il passait à autre chose, mais avec Gaël...
D’accord! Répondit-il d’une voix timide, ce qui ne lui ressemblait pas et le beau roux lui sourit car il savait que cette aventure durerait bien plus qu’une nuit.
Bon! Tu as réussi à l’avoir alors profite! Lança Jordan alors qu’ils rangeaient le bar.
Jordan, tu sais que…
Quoi, tu veux plus? Jérem’ c’est impossible avec ce genre de mec, je te l’ai déjà dit! Bonne baise! Ajouta t-il en entendant le bruit d’une moto qui s’arrêtait devant le bar. Allez! Vas y, je ferme et je vais retrouver mon coup à moi, il m’attend sur le parking, à lundi!
……….
Comment allez vous les garçons? Vous avez passé un bon dimanche? Jérémie c’est oui, sans aucun doute, vu ta mine radieuse et ton grand sourire, par contre, toi Jordan, je pense que ce n’était pas génial! Analysa Arthur qui venait d’entrer dans son bar.
Bien vu, boss! Pas du tout, mais alors pas du tout au niveau de mes attentes, mais vous, elle a du être contente votre épouse, vous avez trouvé un super remplaçant! Railla Jordan.
Jordan! Ne fais pas ta mauvaise tête! Tu trouveras mieux samedi, et prend un blond pour changer!
Vous m’avez vu, boss?
Je vois tout, Jordan, même si j’ai laissé le bar à Gaël! Provoqua Arthur.
C’était sa façon de savoir comment ce rouquin avait géré son bar et ses 2 zigotos, comme il les nommait.
Alors là, chapeau boss! Rapide, efficace, on a même pas le temps de baratiner un peu que le plateau est déjà prêt et qu’il vous rappelle à l’ordre «il faut peut être que j’aille servir aussi, la bière chaude c’est pas top» essaya d’imiter le beau brun avec le petit accent du roux, il est pire que vous! Expliqua Jordan alors que son patron était plié de rire.
Normal Jordan, il est fils d’un propriétaire de pub en Irlande, et on ne rigole pas avec la bière là bas!
Vous le saviez? Et vous saviez aussi que Sophie et lui étaient cousins? Vous auriez pu me le dire, c’est pas sympa patron! Lui reprocha Jérémie.
Non Jérémie, je ne le savais pas, je l’ai appris samedi quand il a proposé de me remplacer, mais au fait, comment ça s’est passé vous deux?
Merveilleusement bien! C’était trop, mais trop génial! Comme je l’avais imaginé et il veut me revoir! Raconta Le beau blond, des étoiles plein les yeux.
Une histoire d’amour en perspective? S’étonna le patron car ce n’était pas le genre de ses employés et de ce rouquin non plus, d’après ce qu’il avait entendu.
Je… je ne sais pas encore, c’est pas facile… oui, on en a discuté… mais…
Mais c’est ce que tu voulais dès que tu l’a rencontré! S’énerva Jordan qui avait passé des heures à convaincre Jérémie que la vie de couple n’était pas faite pour eux.
Du calme les garçons, une vie de couple n’est pas facile et tu as raison de prendre le temps d’y réfléchir, coupa Arthur, et maintenant, au boulot! Nos affamés ne vont pas tarder!
……….
Tu as entendu, Sophie? Ils avait parié sur moi! Bon, personne n’avait imaginé que j’avais les cheveux longs mais… une tournée générale à «La Rumeur» c’est pas très original comme pari!
Mais tu t’en fous, non? De toute façon personne n’a gagné! Raconte moi plutôt ton week-end, alors, c’était bien? Apparemment oui, puisque tu y as passé 2 jours et que tu portes toujours le même cuir!
Magnifique! Jérémie est un homme merveilleux! C’est vrai qu’il m’a plu dès que je l’ai vu et je suis amoureux pour la première fois de ma vie, expliqua Gaël à sa cousine. Ses grands yeux clairs scintillaient et un sourire ravi barrait son visage. Sophie l’admirait, il était tellement beau son cousin!
Une histoire d’amour… c’est trop beau… rêvait Sylvie. Mais, vous êtes sûrs de vous? S’inquiéta t-elle, deux adeptes de rencontres éphémères, ça ne va pas être facile tous les jours…
Je ne sais pas Sophie… on peut toujours faire un bout de chemin ensemble et on verra! Mais j’ai bon espoir, je pense être fixé ce midi, sinon, ça restera un très beau souvenir… de mon côté, je suis prêt à m’engager.
……….
Le midi, dès que Jérémie aperçut Gaël, tous ses doutes se dissipèrent instantanément. Oui, le roux avait raison, il lui avait proposé une vie commune dès la 1 ère nuit mais Jérémie avait hésité, il avait peur de souffrir et il n’était pas habitué à la vie de couple. Mais il avait oublié que Gaël non plus ne connaissait pas cette expérience… alors pourquoi ne pas essayer?
Faisant fi de l’endroit où ils se trouvaient, ils se rapprochèrent en se dévisageant intensément, Jérémie se nicha dans les bras de Gaël et ils s’embrassèrent, scellant ainsi le pacte de leur union.
Dites les amoureux! Il faudrait peut être revenir sur terre, je suis content pour vous les mecs mais Jérémie, le travail t’attend! Retentit la voix d’Arthur.
Désolé boss, j’y vais! Il se dégagea des bras de son roux, lui lança un sourire éclatant de bonheur et se tourna vers la tablée de Sophie.
Et bien! Lança celle-ci, on croyait devoir partir sans déjeuner! Rajouta t-elle moqueuse en remarquant le rougissement du blond sous son hâle doré.
Quand à Arthur, il attendit que Gaël fut installé pour lui demander de venir en extra le samedi soir. Celui-ci acquiesça aussitôt, il aimait l’ambiance et le travail de bar et c’est ce qui lui manquait le plus depuis qu’il était en France. Mais il voulait terminer sa dernière année de master 2 avant de se lancer dans son propre projet. Il ne voulait devenir avocat comme sa cousine mais repartir en Irlande et gérer le pub que son père avait acheté pour lui à Dublin.
Mais tout ça, c’était avant Jérémie…
……….
Les mois passèrent, Jérémie et Gaël vivaient ensemble, heureux et toujours amoureux. Le samedi soir, le beau roux, ses splendides yeux verts clairs et sa longue tresse, continuait d’officier derrière le comptoir de «La Rumeur» et son compagnon rayonnait en salle. Ils avaient prévu de passer les vacances chez le père de Gaël et Jérémie était fou de joie de faire sa connaissance et aussi de découvrir l’ambiance d’un pub en Irlande. Son compagnon lui avait dit ne pas avoir retrouvé cette atmosphère particulière dans les pubs de Rennes.
Gaël ne lui avait pas parlé de quitter la France pour s’installer à Dublin, par peur de le perdre. Jérémie serait-il d’accord pour quitter «La Rumeur», pour s’expatrier? Pourtant, Mike avait acheté le local et attendait son fils avec impatience. Il savait que celui-ci vivait en couple avec un barman et avait applaudi cette excellente nouvelle.
Il en avait discuté avec Anne. Sa mère était partie pour retrouver l’homme de sa vie, elle! Et lui avait dit qu’elle serait encore dans ce pays si elle n’avait pas divorcé! Elle lui conseilla d’en discuter avec Jérémie avant leur départ en vacances.
Ben oui! Sinon tu le met devant le fait accompli! Ça ne se fait pas! Autant le quitter tout de suite! Acquiesça Sophie d’accord avec sa tante, et si lui avait d’autres projets t’incluant, tu laisserais tomber ton pub pour rester avec lui?
Je ne sais pas, je l’aime tellement, mais rien n’est certain non plus, regardes ma mère! Mais j’ai tellement envie de me lancer dans cette aventure avec lui!
Gaël! Toutes les histoires d’amour ne se terminent pas forcément comme la mienne, moi je savais en partant que ton père allait reprendre la suite de son père, il ne m’avait rien caché, je savais que j’allais servir des Guinness dans un pub! Tu ne peux pas faire ça à Jérémie! Le sermonna Anne.
J’aurais aimé qu’il découvre le pays avant et je lui en aurait parlé ensuite! S’entêta le roux.
Gaël, tu vas le perdre si tu ne lui demande pas son avis, il ne te fera plus confiance et votre couple est voué à l’échec… mais c’est ce peut être que tu cherches? Ajouta Sophie songeuse.
Non! Je l’aime et je ne veux pas le perdre, je lui en parlerais! Décida le beau roux qui méditait sur la réflexion de sa cousine.
Gaël attendit le dimanche, jour de repos pour eux deux pour annoncer son projet à son compagnon. Jérémie fut surpris, il ne s’attendait pas à une telle confession car Gaël lui raconta tout, même ses doutes et la discussion avec sa mère et sa cousine.
Rien ne me retient ici Gaël, pas même mes parents que je ne vois jamais, et qui ne cherchent pas à savoir ce que je suis devenu, ni «La rumeur». Et je suis fou de joie de partir avec toi, fou de joie de travailler dans ton pub, je t’aime depuis le tout premier jour, et moi non plus, je ne veux pas te perdre.
Pas mon pub, mais notre pub, beautiful blond, corrigea le roux en le serrant dans ses bras, il t’appartient autant qu’à moi… car nous allons nous marier!
FIN